SOCIETE

Côte d’Ivoire/Inter/ Un investissement de $ 430 millions prévu pour accélérer l’Afrique numérique (Huawei)

Abidjan, 26 sept 2023 (AIP) – Fournisseur mondial d’infrastructures de technologies de l’information et de la communication (TIC) et d’appareils intelligents, Huawei annonce un investissement de 430 millions de dollars pour accélérer l’Afrique numérique, rapporte un communiqué publié le 21 septembre 2023 par Agence 35°Nord.

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Lors de la 8e édition du Huawei Connect qui s’est tenue à Shanghai du 20 au 22 septembre, pour la première fois depuis la crise sanitaire mondiale, le président de Huawei pour l’Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale, Terry He, a dévoilé les contours de la nouvelle stratégie de Huawei visant à accompagner l’Afrique vers un « avenir intelligent » et connecté.

Cette stratégie, baptisée « Accélérer l’intelligence pour une nouvelle Afrique », se présente comme une vision pour le futur numérique et technologique de l’Afrique. Avec une population majoritairement jeune, où 60% des habitants ont 25 ans ou moins, le numérique est une source de croissance de plus en plus importante pour les États africains.

« Le continent se distingue également par son immense potentiel en énergie verte, créant ainsi un avantage comparatif sans précédent à l’ère de l’intelligence artificielle (IA). Considérant ces atouts, la nouvelle stratégie de Huawei s’articule autour de l’intégration des technologies intelligentes, notamment l’IA, au sein de secteurs essentiels qui façonnent et ont un impact sur le quotidien des Africains, tels que la santé, l’éducation, les transports, la finance, l’agriculture et l’exploitation minière.

Pour appuyer cette stratégie, Terry He a annoncé le déploiement d’un important plan d’investissement intitulé « Avenir Intelligent » dédié à la région Afrique du Nord englobant les 28 pays du continent au-dessus de l’Equateur.

Sur une durée de cinq ans, ce projet d’investissement s’élève à hauteur de 430 millions de dollars. Il prévoit 200 millions de dollars qui seront injectés pour la création du premier centre de cloud public de la région qui proposera plus de 200 services cloud ainsi que 200 millions supplémentaires pour soutenir 200 partenaires logiciels locaux et renforcer 1 300 partenaires de distribution. En matière de développement des compétences, le groupe investira 30 millions de dollars pour former 10 000 développeurs locaux et 100 000 professionnels du numérique, créant ainsi une main-d’œuvre qualifiée pour stimuler la transformation intelligente dans la région.

Pour Huawei, l’Afrique représente une composante fondamentale des ambitions de développement de l’entreprise, illustrant son engagement constant envers la transformation numérique du continent. Cette année, le thème de l’intelligence artificielle est à l’honneur et fait figure de priorité parmi les ambitions de Huawei sur le continent.

(AIP)

Au guidon, ces gamins qui défient la mort pour assurer leur survie (Reportage)

Abidjan, 25 sept 2023 – Agés de 10 à 15 ans, des jeunes « pilotes » scolarisés ou non se lancent dans une aventure audacieuse et dangereuse au guidon de tricycles communément appelés « Antara ou saloni ». Ils naviguent sans permis de conduire ni assurance avec une habileté étonnante sur des routes non bitumées et périlleuses, risquant leur vie chaque jour pour satisfaire leurs besoins essentiels.

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Une fine pluie ne diminue en rien leur détermination, mardi 2 juillet 2023. Déjouant la circulation entre les véhicules, ces minots manœuvrent avec assurance sur ces chemins cahoteux, terrains accidentés et pentes abruptes menant au quartier d’Agbayaté, situé dans la commune de Yopougon (Abidjan Ouest).

Sous un abri improvisé, une autre équipe de jeunes, la plupart habillés de jeans déchirés et de tee-shirts, cigarette à la main, discute en Nouchi, l’argot ivoirien, avant de manier avec agilité leurs tricycles à trois roues. Ils le font pour assurer leur subsistance et celle de leurs familles dans un environnement parfois impitoyable.

Un business juteux

Dès 5H30, Ernest Kachi et ses camarades se rassemblent au carrefour d’entrée du quartier. Chacun débourse 7 000 Francs CFA pour la location quotidienne du tricycle, dépense 8 000 FCFA pour le plein de carburant et remet 2000 FCFA au propriétaire de la station. En somme, une dépense de 17 000 FCFA avant de s’aventurer sur la route chaotique.

« Après avoir couvert ces dépenses, je peux espérer gagner plus de 5 000 FCFA par jour. J’utilise cet argent pour subvenir aux besoins de ma mère et de ma fille de quatre ans », explique Kachi. Après cinq ans de travail en tant que conducteur de tricycle, il a pu s’offrir une moto qu’il met en location. Il envisage même d’acheter son propre tricycle. Avec un revenu mensuel d’environ 150 000 FCFA, le jeune homme ne fait pas pâle figure par rapport à un salarié moyen, sachant que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Côte d’Ivoire est de 75 000 FCFA.

Tapé Junior, âgé d’environ 10 ans, gagne également sa vie dans ce milieu. Élève en CM2 à Daloa, Junior travaille comme « balanceur », c’est-à-dire qu’il collecte de l’argent auprès des passagers. Souvent accrochés au dos de la moto, ces balanceurs risquent leur vie à prendre soins des bagages regroupés la haut.

Les journées du gamin commencent à 6 H et se terminent à 20 H. Il gagne entre 1500 et 2000 Francs par jour, soit un total de 45 000 à 60 000 FCFA par mois. Vêtu d’un tee-shirt vert et d’un jean bleu, Junior explique que tout l’argent qu’il gagne revient entièrement à sa génitrice. « Ma mère utilise l’argent que je gagne pour subvenir à mes besoins et payer ma scolarité », précise-t-il.

Tous aux ordres de « Dragon »

Tous les adolescents se soumettent docilement aux ordres de Koné Ibrahim, surnommé Dragon, qui règne en tant que chef de gare incontesté. Chaque conducteur « en herbe » doit lui reverser 2 000 FCFA par jour pour avoir le privilège de circuler sur le parcours.

La présence de ce personnage charismatique, arborant des allures rappelant celles d’un loubard, est indéniablement impressionnante. Affichant un tee-shirt ajusté et la tête rasée, ses yeux perçants observent attentivement le va-et-vient incessants à la gare, reflétant une vigilance constante. Sa barbe lui confère une apparence à la fois robuste et énigmatique.

« Je ne travaille pas avec des délinquants, mais plutôt avec des individus qui m’écoutent et font preuve de respect. Je conseille également à mes jeunes collaborateurs de se comporter de manière exemplaire envers les clients », confie-t-il. En présence de Dragon, il est strictement interdit aux jeunes conducteurs de fumer, de consommer de l’alcool ou de s’adonner à la drogue.

Le calvaire des passagers

Le calvaire engendré par l’état déplorable de la route se présente comme une épreuve et un défi audacieux qui se transforme fréquemment en de vives altercations entre les conducteurs et leurs passagers. À bord de ces tricycles instables, dépourvus de ceintures de sécurité, il n’est pas rare que les occupants se heurtent violemment, allant parfois jusqu’à chuter sur le sol chaotique.

« J’ai décidé de ne plus jamais prendre ces motos-taxis depuis que j’ai atterri, avec tous les autres passagers, dans une mare d’eau stagnante après une violente pluie nocturne », confesse Tatiana Seki, une habitante du quartier.

A l’intérieur de ces triporteurs, il est difficile de maintenir le silence. À chaque secousse, les échanges verbaux s’intensifient. Les passagers, peinant à résister aux tressautements, expriment leur mécontentement tandis que les adolescents, à la voix aiguë, se défendent avec ténacité.

« Certains clients se plaignent de manière excessive. Ils nous poussent souvent à réagir de manière impolie envers eux. À chaque secousse, ils nous expriment leur mécontentement, comme si nous étions responsables de l’état lamentable de la route », se plaint Mory Fofana, arborant une chevelure crépue qui rappelle l’insouciance de l’adolescence.

Au guidon, sans permis de conduire

Le volant à la main sans permis de conduire 1

En Côte d’Ivoire, le permis de catégorie A est accessible dès l’âge de 16 ans, permettant la conduite de motos avec ou sans side-cars, ainsi que de véhicules à trois roues.

Cependant, ce qui est particulièrement préoccupant, c’est le fait que des enfants âgés de 10 à 15 ans se lancent dans la conduite de ces engins sans détenir le permis requis et sans être confrontés à des sanctions de la part des autorités compétentes.

Ce constat met en évidence l’incapacité flagrante des autorités à prendre des mesures fermes pour mettre fin à cette activité dangereuse. En effet, cette pratique illicite se déroule en toute impunité, sous les yeux des agents de la mairie et parfois même avec leur complicité, tout comme celle des forces de l’ordre.

« Avec la mairie et la police, on gère », se plait à dire ce chef de gare qui ne jure que par son pécule et non de l’avenir de ces petits employés.

Cette complaisance de la part des autorités met en péril la vie des jeunes impliqués, qui sont confrontés à un défi mortel à chaque instant qu’ils passent sur une moto.

Cette attitude révèle un manque crucial de responsabilité de la part des autorités locales et nationales pour résoudre ce problème sérieux qui touche la vie et la sécurité de ces enfants.

Ce que dit la loi sur le travail dangereux des enfants

Selon la loi ivoirienne portant interdiction de la traite et des pires formes de travail des enfants, sont considérés comme pires formes de travail interdits aux enfants, le recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités illicites notamment pour la production et le trafic  de stupéfiants, les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant.

Le travail est dit dangereux pour les enfants quand il est de nature à mettre leur vie en danger, les priver de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, de nuire à leur santé et à leur développement physique et mental, de les priver de leur scolarité ou de l’opportunité d’aller à l’école, de les empêcher d’avoir une assiduité scolaire ou d’avoir l’aptitude à bénéficier de l’instruction reçue.

(Par Simon Benjamin Bassolé/ Coll: Rose De Lima Soro)

(AIP)